L'État mauritanien s'est toujours distingué par l'encouragement des maladresses de ses dirigeants toutes les fois que ces derniers se prononcent sur des certaines questions sensibles notamment l'unité nationale ou encore du passif humanitaire. Au mois de mars dernier, le Premier Ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, et son ministre de la culture, portaient tour à tour atteinte à l'identité culturelle des autres composantes nationales du pays . La suite fût honteuse, puisque sur le campus universitaire, les échauffourées ont été nombreuses. Les incidents se sont soldés par l'arrestation des étudiants francophones mobilisés contre tout projet d'arabisation de l'administration du pays. Il y a eu aussi des blessés. Nos fameux ministres ont gardé le silence, et le Président de la République n'a pas voulu se prononcer .Pour lui tant que le palais ocre n'est pas enjeu, tout va bien comme dans le meilleur monde. Ce sont les étudiants qui ont éteint le feu et écarté le danger qui guettait la demeure nationale. Car, quelques groupuscules nationalistes de tous bords voulaient profiter de la situation pour mieux scinder les jeunes étudiants. La guerre des identités n'a pas eu lieu cette fois ci, mais elle n'est pas loin, si les ministres n'apprennent pas à se taire.
C'est une raison qui me poussait d'écrire dans l'un des mes articles que la Mauritanie est un pays exceptionnel. Je faisais en effet allusion au laisser aller au niveau de toutes les sphères publiques voire même jusqu'au sommet de l'Etat. Tout le monde a la certitude que la punition ne sera pas sévère et on peut tout espérer et tout se permettre au sein de la République.
Alors, le simple soldat espére devenir un jour un chef d'État, tout comme, le citoyen ordinaire aspire à une nomination sans aucune compétence. Et tout cela, parce qu'il y a la tribu, la région ou le « Cheikh », qui peuvent intimider et influencer le ministre, le juge, voire même le Président de la République. En revanche, ceux qui ne sont pas issu d'un milieu social influant demeurent tout simplement les oubliés de la République. La tribu et la région représentent l'ascenseur social en Mauritanie. Les sociologues n'en parlent pas, ils préfèrent eux aussi se pencher sur des thématiques moins sensibles. Et, l'individu, utilisé par le politicien à des fins machiavéliques, reste la principale victime de l'administration, de la police et de la justice . Chacune de ses institutions marchandent facilement la fibre sensible de nos citoyens notamment la tribu. Mais tout le monde n'est pas traité sur le même pied d'égalité ,car il y a des étages que l'ascenseur social n'atteint pas.
C'est pourquoi partout le résultat est décevant. A titre d'exemple, notre justice ne condamne que les citoyens de "seconde zone'' issus pour la plus part des quartiers défavorisés, là où la pauvreté a fait tous les dégâts. Mais, il ne faut pas aussi perdre de vue, car il s'agit là, des peccadilles du système dictatorial de Maouiya Ould Sidi Ahmed Taya. Ce dernier a cultivé chez le mauritanien l'oisiveté et la haine de son voisin. Son régime est responsable de la quasi-totalité des malheurs de la société mauritanienne, notamment la corruption , le népotisme et le clientélisme . La lutte contre la gabegie menée par le Président de la République n' a pas résisté aux conciliabules inter-tribales . D'aucuns ignorent leur impact dans le dossier des hommes d'affaires . Face à la faiblesse de la justice et les hommes aux robes noires, les conciliabules ont eu le dernier mot. Il le fallait, me disait, ici quelqu'un, car le pays était au bord du gouffre. La Mauritanie se dirigeait, ajoute-il, vers une « guerre tribale».
Je lui ai rappelé les horribles événements de 1989, lorsque l'Etat mauritanien voulait passer à l'épuration sans précédant des négro-africains. Et mon ami s'est tût en baissant la tête. Est-il coupable, non pas du tout. Il n'a d'ailleurs aucune relation dans cette révoltante période qui entache notre histoire. Tous les mauritaniens connaissent les coupables, dont certains sont aujourd'hui promus à des postes de responsabilité. Le pire réside dans le fait que les dirigeants, en se cachant aujourd'hui derrière la politique politicienne, enveniment la situation très critique de notre unité nationale.
Alors que parmi les victimes de l'Etat, il y a des âmes oubliées par nos dirigeants, le Ministre de l'intérieur commet une grave erreur de nier l'existence des réfugiés mauritaniens au Mali. Il a oublié que le nombre des déportés était tellement ahurissant, et que par ailleurs, c'était toute une communauté qui était prise pour cible. Monsieur le Ministre vous vous êtes trompé lorsque vous tenez de telles élucubrations. Au lieu d'interroger l'histoire et le temps, vous avez préféré votre portefeuille ministériel lequel vous assurez accidentellement. Votre attitude n'est pas digne d'un homme de bonne foi. Les réfugiés, monsieur le Ministre, il y en a même en Mauritanie. Combien de temps, ce peuple est resté sous l'emprise de la terreur, de l'oubli, de la négation, de la discrimination, des incompétences et des bévues des ministres qui n'ont aucune autre mission sinon de plaire au Président et les réseaux des hommes d'affaires influents. Au lieu de tenir un discours rassurant, vous avez voulu aggraver les difficultés des pauvres réfugiés. En plus de l'oubli des années durant, aujourd'hui, l'Etat Mauritanie veut nier l'existence des réfugiés qu'il avait lui même déporté. Au lieu de réparer les dégâts, Ould Bolil les augmente davantage. Le discours est clair de l'avis des analystes, la prochaine guerre sera inévitablement celle des identités où plutôt, du déni des identités. Depuis sa nomination, le ministre de l'intérieur ne s'est intéressé qu'à la sécurisation des papiers de l'etat civil. Il signe un contrat avec une société française pour dépouiller la nationalité Mauritanienne à ceux dont l'Etat mauritanien a brulé en plein jour les papiers . Monsieur le Ministre, vous aurez eu le mérite de faire un petit tour à Boyguel Thillé ou à Houdaillah ou encore dans les camps de la honte de la région de Trarza , pour constater, par vous même à la fois la fierté et le regret d'être mauritanien.
Vous avez enterré par vos propres idées toutes les initiatives de bonnes volontés. Donc, vous n'allez jamais ,vous souciez des maux, ô combien, nombreux dont souffrent ces pauvres réfugiés.
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