L'éditorial de Biladi n° 527
Malheureusement l’histoire du dialogue entre le pouvoir et l’opposition ressemble à une véritable fausse annonce. Une semaine après l’audience accordée par le président de la République à des dirigeants du parti Adil, rien n’a bougé et chaque partie continue de camper sur ses positions d’antan. Aziz s’est limité aux “confidences” faites dans son bureau à des visiteurs qui se réclament de l’opposition. Cette dernière, quant à elle, s’est réunie au sein de la COD pour discuter l’offre présidentielle. Elle n’a pas fait de communiqué public qui exprime sa position, elle s’est juste montrée attentive à tout ce qui touche au dialogue, une forte demande sociale. Et est restée à l’écoute. Une attente qui risque de se prolonger encore, tant le président n’est pas, parait-il, très chaud au dialogue avec ses adversaires. Lui, l’ancien militaire pour la relation avec le vis-à-vis, s’exprime en termes de soumission ou domination.
L’opposition, un peu déstabilisée ou brouillée par l’intrusion opportune du pouvoir dans ses rangs, se remet petit à petit et tente de poursuivre son travail de mobilisation afin d’affaiblir le pouvoir. Dans ce cadre, elle compte organiser un meeting, le week-end prochain, à Nouakchott. Un message qu’elle envoie certainement aux partenaires du pays à la veille de la tenue de la table ronde de Bruxelles afin de peser sur l’appréciation qu’ils pourraient faire par rapport à la stabilité du régime. Cette manière de faire ne plaira pas du tout au régime qui l’assimile déjà à une œuvre de sape contre les intérêts suprêmes du pays.
En dépit de l’importance que revêt la table ronde pour le gouvernement, celui-ci, ou plutôt son chef, le président Aziz, évite de “faiblir” face à l’opposition et feint d’ignorer ces démarches à l’égard des partenaires, même si l’Union européenne continue d’évoquer dans sa littérature pour la Mauritanie le terme de“dialogue inclusif” tel que prévu dans le fameux accord de Dakar.
Si le pouvoir réussit à faire valoir ses arguments à Bruxelles, ce sera une nouvelle victoire pour lui, il sera revigoré et cela l’encouragera à s’éloigner de la voie du dialogue avec l’opposition. S’il échoue dans sa démarche, l’opposition criera victoire et tentera de faire du bruit pour l’abattre…
Dans l’un et l’autre des deux cas, la cause du dialogue sera la première victime avec tout ce que cela comporte de malheurs pour le pays.
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