Finalement, le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz a réagi tard dans la soirée du mercredi 30 mars avant procéder à un léger remaniement ministériel. Alors c’était la veille de la tenue du conseil des ministres; le Rais n’a pas attendu la réunion hebdomadaire pour remercier cinq de ses ministres sur un fond de remontrances. Et pour signifier à l’opinion publique et répondre aux revendications des étudiants Francophones, le locataire du Palais Ocre crée un tout nouveau portefeuille ministériel chargé des « affaires africaines » lequel est assuré par Madame Bâ Coumba. Alors dans ce contexte de totale confusion au tour de la question de la place des langues et du projet de l’arabisation de l’administration, l’ex Ministre de la Fonction publique fait face à l’histoire. Mais sa première mission consistera à faire convaincre de l’importance de son département qui remplace celui des affaires magrébines.
Force est de constater que contrairement à ce que prône Aziz et ses acolytes, la « Mauritanie nouvelle » n’inspire que des comportements lesquels, loin de surprendre, poussent plutôt à inquiétude. Car dans un État de démocratie, les décisions ne doivent en aucun cas être prises d’une façon unilatérale comme on le vit en Mauritanie. Ce qui signifie que la République est prise dans un piège, raison pour laquelle bon nombre d’observateurs évoquent en effet le pourrissement du contexte actuel de la scène politique. Il n y a pas que la scène politique qui demeure tonitruante, le social pâtit largement dans les difficultés. A Nouakchott tout comme partout dans le pays, la sécurité inquiète plus d’un citoyen ; ce dernier continue de dormir la peur dans le ventre puisque les services de renseignements et la police ne cessent de mettre la main sur des éléments de la nébuleuse Al-Qaida. De plus, les délinquants multiplient leurs forfaits dans les quartiers périphériques. Mais, le pire réside dans l’augmentation du nombre ahurissant des familles qui sombrent du jour au lendemain dans la pauvreté et la précarité sociale. D’ailleurs, à Arafat (quartier périphérique), l’Etat a fait déguerpir des familles entières de leurs habitats de fortune et n’a pas toujours fourni de toits à ces dernières condamnées à l’errance. Alors, Aziz a-t-il changé de fusil d’épaule ? Le Président des pauvres est-il devenu contre les pauvres ? Pourtant, en destituant SIDIOCA, il se réclamait le seul homme sur terre capable de gouverner la Mauritanie, mais en revanche, la réalité est toute autre. De ce fait, l’on constate qu’il y’a là des véritables paradoxes dans les engagements des pouvoirs publics. Il faut dire que tellement le tâtonnement occupe le devant de la scène, les citoyens se demandent, s’il y a eu réellement « rectification » .ou s’agit-il tout simplement de trompe l’œil dans ce qu’ils sont entrain de subir à savoir entre mensonges et frustrations.
Paradoxes et trompe l’œil :
Le Premier Ministre, Moulaye Ould Mohamed Lagdaf s’est prononcé une seconde fois sur ses incendiaires propos concernant l’arabisation de l’administration et la suprématie de la langue arabe par rapport aux autres dialectes nationaux. Il l’a fait seulement devant trois journalistes alors qu’il a blessé la sensibilité de toute une composante du peuple mauritanien. Ce dernier s’est longuement expliqué. D’ailleurs, l’on se demande de savoir dans quelle langue, encore il s’est exprimé tout au long de cette rencontre ? En tous cas, l’on reconnait la présence d’un journaliste francophone notamment le patron du quotidien Le Rénovateur. A lire le compte rendu, l’on s’aperçoit que le PM n’a rien élucubrer de nouveau, si ce n’est de se cautionner et de se défendre après la pluie des critiques.
Son ambition à travers cette conférence de presse tenue à huis clos était de préserver la face et celle d’un chef d’Etat jusqu’ici silencieux sur une question aussi brulante même si d’aucuns ignorent qu’Aziz a été accueilli à Dakar par les slogans des étudiants demandant des explications sur les propos de son PM et de sa Ministre de la Culture et des Sport.
Ould Laghadf a signifié aux journalistes l’esprit de son discours depuis le Palais des Congrès était de rappeler comme, le veut la tradition, que l’arabe est la langue officielle en Mauritanie. Il a longuement entretenu les journalistes sur des questions qui préoccupent autant les citoyens mauritaniens. Il a évoqué tout sauf sa réponse adressée à l’autre journaliste tenu à l’écart de ce point de presse. C’est pourquoi, l’on est amené à s’interroger sur la réelle volonté de rectification ? Aujourd’hui, la question qui se pose est celle de savoir les raisons qui ont poussé à des hautes personnalités au sommet de l’Etat de renouer avec les idées des années 60 ayant conduit à la dislocation du tissu social. Et de savoir aussi, si on n’assiste pas au retour des vieux démons avec la montée du nationalisme, surtout avec, l’allégeance prêtée par un certains chefs des partis politiques au Guide Lybien Mouammar Kadhafi ?
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