"C’est quelque chose d’indéfinissable…, quelque chose de trouble, de malsain, d’hypocrite ". Robert Gaillard
En s’inspirant des évènements qui prédominent, on dirait que les citoyens mauritaniens se sont entendus de ne plus s’entendre sur les grandes questions nationales. Oui, il me semble que l’essentiel ne leur préoccupe plus. Ils se penchent surtout là où s’abreuve le diable à savoir les détails. Depuis notre indépendance jusqu’à nos jours, la RIM n’a fait que tourner en rond. On nous cache notre vraie face tout en vendant la plus fausse aux partenaires diplomatiques étrangers. Presque chaque deux décennies, nos dirigeants nous ramènent à la case départ. Et pourtant, d’aucuns ignorent que des hommes ont sacrifié leur vie pour ces mêmes questions, mais hélas, la réalité demeure toujours la même. Il y a ceux qui ont été limogés de leurs fonction de ministres en 1966 à cause de leur position très claire par rapport à la question des langues nationales. C’était lorsque les doléances ont été adressées aux pouvoirs publics par des cadres soucieux d’un avenir sombre et périlleux presque pareil à celui que l’on vit ces derniers temps.
La cause qui mobilise aujourd’hui les étudiants francophones au sein du campus universitaire ne concerne pas seulement les négro-africains, jadis, elle a été l’affaire de tout un peuple sans distinction de races, d’ethnies ou de régions. Car la vérité n’est point hypocrite. En effet, deux ministres arabes ont été remerciés sous l’ère du feu Moctkar Ould Daddah à cause de leur prise de position après le manifeste des 19 cadres négro-africains contre les projets de loi rendant obligatoire l’enseignement de l’arabe. Nous l’avions évoqué dans l’un de nos articles « langues et démagogie ». Considérés comme Minsitres des noirs, Mohamed Ould Cheikh, Bamba Ould Yazid et ses partisans furent demis de leurs fonctions. L’histoire gardera toujours la postériorité de ces hommes intègres et honnêtes. Alors, à propos de cette brulante question, qui scinde plus qu’elle ne réunisse, ce ne sont pas que des bonnes volontés et la dénonciation de l’indifférence des pouvoirs publics qui manquent. Il faut dire que ces dernières ont été freinées et compromises par la démagogie et la dissimilation de la part des régimes successifs que la Mauritanie a connu jusqu’ici. Par rapport aux questions du passif humanitaire, des langues nationales et de l’esclavage et d’autres, l’Etat s’est toujours distingué par ses politiques de l’instrumentalisation. On se rappelle de la tentative de certaines personnalités politiques que le cynique Taya avait dépêché à Bruxelles pour régler en catimini le problème du passif humanitaire et négocier en contrepartie le retrait de la plainte déposée contre ce dernier. De plus, lors de la transition de 2005, ces mêmes questions n’avaient point préoccupés le CMJD. Et, jamais les motifs n’ont été expliqués à l’opinion publique. Le chef de la junte à cette époque, Ely Ould Mohamed Vall avait fait du retour à l’ordre constitutionnel son cheval de bataille. Pour lui, ces problèmes doivent être résolus par les civils. Mais en revanche, le civil qui devait s’en occuper a vu son mandat écourté par autre militaire. D’ailleurs, tant qu’un état des lieux du problème des langues nationales, de la cohabitation et de l’esclavage n’est pas entamé avec un débat sérieux et responsable, il serait chimérique de songer à une unité nationale. Car somme toute, ce sont là les véritables questions qui continuent de diviser les fils de la Mauritanie.Si aujourd’hui, des personnalités au sommet de l’Etat, comme le Premier Ministre et son Ministre de la Culture et des Sports et d’autres personnalités politiques se permettent de cautionner la suprématie de la langue arabe sur les autres, c’est qu’en quelque sorte, ils piètinent des efforts déjà consentis par l'indulgent de Lemden, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, lequel a au moins osé de poser le doigt sur la plaie béante. On peut avancer et sans risque de se tromper que sans sa volonté, le problème du passif humanitaire et le retour des déportés des années de braises notamment les événements de 1989 restera qu’un vieux programme électoral, lequel servira d’appât pour la quête des voix électorales. L’attitude de ces mêmes personnalités remet considérablement en cause la fameuse prière de Kaédi instiguée par MOA. Alors dans ce contexte, le bon sens oblige de se demander un certain nombre de question notamment sur la réelle volonté de réconciliation nationale.
Le niet ou une prise de conscience …
L’agitation du campus universitaire doit servir de leçon aux dirigeants de la Mauritanie à leur tête le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz. Alors s’il est mu d’une volonté de réunir les fils de cette nation dans les écoles publiques, dans le campus universitaire et dans les quartiers populaires, il doit prendre immédiatement une position claire et rassurante. Alors s’il faut adresser un discours à la nation, perpétrer ses fameuses sorties inopinées ou aller à Arafat, c’est le moment ou jamais de sortir de son mutisme total. Puisque, l’adage dit qu’ : « ’il faut battre le fer quand il est chaud ». Aziz doit mettre en garde contre l’extrémisme, appeler à l’apaisement des esprits et surtout définir une nouvelle ligne de conduite favorable à toutes les composantes nationales. Car les petites rectifications ça et là se sont avérées inefficaces face à la mobilisation du campus universitaire. Puisque les dérives commencent à inquiéter. Si les échauffourées et les accrochages entre étudiants partisans de l’arabisation de l’administration et ceux du camps opposé ont fait des blessés, les jours à venir peuvent se solder d’un bilan catastrophique et regrettable. Car contrairement à ce qu' élucubrent certains malintentionnés, les mouvements estudiantins ne sont point instigués par des groupuscules politiques ou idéologiques. De sources bien informées, il s’agit là d’une véritable prise de conscience. Et ces derniers ont signé et persisté leur niet contre l’arabisation de l’administration comme les arabophones en rejettent le Français entant que langue du colon. En revanche, ce qu’il faut condamner, c’est l’attitude de certains politiques qui n’ont pas encore fini de payer leur forfait allant jusqu’à demander le limogeage de ceux qui veulent calmer les esprits. Les démagogues et les chauvins qui maraudent au sein du palais ocre doivent savoir que les temps ont changé et les mentalités tout de même. On trompe un peuple qu’une seule fois. Aujourd’hui, tout le monde se rend compte que les politiques sur lesquelles cette nation a été battue sont plus que jamais vouées à l’échec. Alors au Président de la République de dire quelque chose avant que la situation ne prenne une autre dimension.
Bâ Sileye
sileye87@gmail.com
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