Dimanche, 07 Février 2010 09:46
Dans l’affaire Hanefi, le miracle ne s’est pas
produit. Hélas ! la justice est restée, ce qu’elle a toujours été, chez nous,
inféodée à l’exécutif. La désillusion est évidente dans bien des segments de
l’opinion. De l’opposition à la majorité, en passant par la société civile,
tout le monde a réclamé et réclame toujours la libération du journaliste,
détenu arbitrairement après avoir purgé sa première peine de six mois. Mais
qu’est ce qu’a fait Ould Dehah pour qu’on soit à ce point monté contre lui dans
les hautes sphères de l’Etat ? Qu’est qu’il a fait pour que l’on transgresse,
de manière ostentatoire, les principes élémentaires du droit et de la justice ?
A qui a-t-il réellement affaire, pour qu’il soit interpellé sur la base d’une
plainte d’Ibrahima Sarr et condamné, cependant, pour atteinte aux bonnes
mœurs? En un mot, pourquoi cette haine et cet acharnement qui s’abattent, en
cascades, sur ce pauvre jeune homme qui n’a fait qu’exploiter l’espace de
liberté d’expression que lui accorde la constitution de la République ?
La réponse à toutes ses interrogations est claire : l’affaire du journaliste
Hanefi Ould Dehah dépasse la raison toute simple. En tout cas, ce n’est pas
seulement le cas d’un journaliste qui a développé des idées contraires à ce
pense et fait un régime politique issu d’un putsch et peu regardant sur le
respect des libertés. Il y a, apparemment, à un niveau élevé de l’Etat, une
haine contre le journaliste et un sentiment de vengeance qui animent certains
gros bonnets.
Mais quelque soit le sentiment qu’éprouve le pouvoir contre le directeur de
Taqadoumi, le traitement que lui a réservé la justice constitue un message
adressé à tous les journalistes qui osent évoquer des sujets sensibles ou jouer
leur rôle de contre pouvoir.
Dans un pays comme le nôtre, où la démocratie est encore balbutiante et la
presse peine à exister, il est difficile de ne pas voir à travers cette affaire
une ferme volonté de bâillonnement de toutes les voix et une stratégie qui vise
à ramener le pays tout simplement à la dictature et au pouvoir personnel. Un
véritable retour en arrière qui ne mène nulle part.
On ne peut pas, tout de même, achever ce texte sans adresser un mot à notre
confrère Hanefi qui, en dépit des brimades et autres mauvais traitements, verra
toujours son aura grandir et aura sûrement, tôt ou tard, raison de ses ennemis.
Ne te décourages pas. Tu auras, quelque soit le temps que tu feras en prison et
la force apparente de tes adversaires actuels, le dernier mot. Parce que tu te
places dans le bon sens de l’histoire.
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