2009 est passé avec son lot d’incidents tantôt satisfaisants tantôt aberrants. La communauté internationale a largement salué la sortie de la crise par la tenue des élections ‘’ libres et transparentes’’. Le Président de la Commission de l’Union Africaine (UA) Jean Ping s’en est même félicité devant Naha Mint Mouk-nass avant de faire bénéficier de la Mauritanie d’un siège au Conseil de Paix et de la Sécurité au sein de l’institution panafricaine.
Organisées le 18 juillet 2009 conformément aux Accords de Dakar, les élections ont été remportées la main haute par l’ex chef de la junte Mohamed Ould Abdel Aziz et tombeur du premier Président démocratiquement élu Sidi Ould Cheikh lequel a vu placidement son mandat écourté par un coup de force au petit matin du 06 Août 2008. Comme tout putschiste, Mohamed Ould Abdel Aziz a acerbement fustigé le règne de l’indulgent de Lemden. Pour lui, l’ère Sidioca était la plus mauvaise que la Mauritanie ait connue jusqu’ici. Actuellement, il veut réhabiliter le mythe du père chez Freud. Il s’attaque à son maître Mouiya Ould Sid Ahmed Taya après avoir tourné la page de Sidi Ould Cheikh Abdallahi d’un revers de main. Au lendemain de son fait accompli, Aziz s’est affiché par une arrogance machiavélique. C’était l’ère des figures imposées. Il sort des tiroirs de la justice des dossiers pour jeter en prison ses détracteurs. Le dauphin du Président déposé et ex Premier Ministre, Secrétaire général du Parti Adil, Yahya Ould Wagh est envoyé au trou avec quelques leaders politiques comme Moussa Fall avant de rejoindre les rangs du défunt Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD). Le premier devait répondre du fait d’ avoir ordonné la distribution du riz avarié à une population qui tire le diable par la queue. Il s’agissait d’un acte que le Général avait jugé inhumain, impardonnable et que son auteur mérite la réclusion vu son manque de vergogne.
Deuxième acte pour le Général, il a touché les ‘’crieurs’’ mais pas les laudateurs. C’est pourquoi, les leaders de l’opposition n’étaient pas épargnés. Le chef de la junte les a traité de faux. Certains ont été sommés de rendre de biens de l’Etat. Alors, sur le banc des accusés, on retrouvait les Roumouz el vessad que certains éditorialistes appelaient autrefois les « budgétivores ».D’autres encore ont été traités de sionistes. D'aucuns n’ignorent les tracts distribués en pompe à Nouakchott caricaturant les leaders de l’opposition à l’intérieur de l’Etoile David symbole du drapeau de l’Israël.
2009 : L’Etat c’est Aziz . . .
Toute
cette période, les décisions étaient prises unilatéralement et sans
concertation. C’est ainsi que l’homme fort a gagné les esprits des citoyens.
Il a même berné certains leaders politiques (Sarr, Kane et le fameux médiateur de la
République Saghair Ould Barek). L'ex -Chef de la junte avait réussi à intimidé la « Mauritanie des
profondeurs » avec l’organisation des Etats Généraux de la démocratie (EDG). Ces journées de « concert-tensions » n’ont servi qu’à vider les
caisses de l’Etat. "Et la lutte contre la gabegie au bout des lèvres du Raiss ?", allez
vous automatiquement vous dire. En tous, les
clauses de ces assises sont jetées dans la corbeille . Car il faut appliquer à la
règle les Accords de Dakar et ensuite oublier la Constitution. Par ailleurs, en plus neufs mois de campagne électorale, MOA
n’a pas laissé une once de chance à ses détracteurs. Désormais, on ne revient plus sur la
défaite cuisante de l’opposition qui
s’éternise dans les jeux de la politique politicienne. Seul le premier tour aurait suffit à
Mohamed Ould Abdel Aziz pour devenir un
Président légitime aux yeux de la
communauté internationale. Mieux encore, le Rais a marché sur le tapis rouge à Paris et tout
récemment chez le têtu de l’Iran.
Alors, on commence les grandes manœuvres politiciennes. Les limogeages fusent de partout. Pour lui, il fallait à tout prix détruire Carthage. En effet, la lutte contre la gabegie et les détournements des derniers publics ont fait tomber des têtes à Nouakchott. Depuis qu’il a reconquis son fauteuil au palais ocre, conseils après conseils, il démet des cadres de leurs fonctions. C’est dans la foulée que la prison de Dar naim a connu le séjour des trois hommes d’affaires impliqués dans le fameux dossier de la Banque centrale. Cette détention ne durera pas. puisque notre homme fort a changé de fusil d'épaule. En revanche, on dit que les vues des doctes contredisent celles des vulgaires. Le grand érudit, Cheikh Mohamed Hassan Dedew a entamé la médiation pour sortir le pays du gouffre et éviter le pire. Ce dernier, dit-on a prôné la réconciliation selon les recommandations de l'Islam. Bref, le charismatique Cheikh a remis les uns et les autres sur les rails. Même si on ignore ce qui s’est produit dans les coulisses. En tous cas le tribunal a ordonné leur libération sous caution de remboursement. Ce qui justifie que la justice souffre toujours devant les médiations. Nul n’est sans ignorer que l'ex-Premier a été relâché par la bénédiction et le génie de Gourgui-Wade. Il faut lire les Accords de Dakar pour se rendre compte que sa libération a été marchandée par l'un des trois pôles de la crise politique.
2010 et Dialogues des risques
Après
tout, il faut chercher des arrangements. C’est du moins ce que l’on entend dire
entre des amis voire même des ennemis suite à un différend ou une brève altercation.
Il ne sert à rien de s’éterniser dans les luttes intestines. Donc mieux vaut être un mauvais diplômate qu’un éternel martyr comme avait l’habitude de le dire
l’autre Philosophe. Le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz l’a compris tout de suite après s’être
farouchement acharné contre ses détracteurs même les mendiants du carrefour BMD. Alors
celui qui n’a pas épargné les invalides se moquera de ceux qui se croyaient jadis intouchables. Ah oui se dit on.
Le Président de la République pense jusqu’ici avoir tenu la parole à son électorat composé à 80% de personnes analphabètes lesquelles ne déchiffrent absolument rien des « in-faux » qui passent médiocrement à la TVM. Ces personnes ignorent qu’elles consomment perpétuellement des propagandes et des discours populistes. L’arrestation des trois hommes d’affaires n’était que de la poudre aux yeux. La libération de ces derniers grâce aux conciliabules entre chefs de tribus, la médiation du Cheikh, à la dernière sentence de la justice suffisent pour tout expliquer.
Même le terrorisme qui déstabilise le pays depuis quelques années doit être réglé par la voie du dialogue. On organise un colloque entre érudits afin de redire que la violence est prohibée en Islam. Qui ne le savait pas ? Le plus arrogant de la bande de l’AQMI, Khadim Ould Selmane en est tout de même convaincu. Les conclusions du dit "colloque" seront effectives toutefois qu’un accord sera trouvé avec les brebis galeuses de la prison civile. La Fatwa ne sera pas pour demain même si certains cheikhs –médiateurs restent optimistes. Il faut du concret avec ces criminels. On attend toujours les signatures ou un pacte. Et après encore seront-ils libres? ou le parquet allégera -t-il les peines qui leurs sont infligées?
Le coup dur de la CIA
Selon les spécialistes d'Al Qaida, il ne faut pas espérer un accord à moins qu'il ait un miracle car rares sont les éléments des cellules jihadistes que se repentissent aussi froidement. En effet, le cas du Docteur Balawi n’a pas fini d’étonner les services de renseignements Américains en l’occurrence la CIA. Un jihadiste prétendument repenti devenu la principale source des Américains, a attiré dans son piége et décimé la cellule de la CIA chargée de la traque des principaux chefs d’Al-Quaida. Non seulement, ce dernier a fait assister à l’espion Jordanien Ibn Sayd sans le savoir d’un enregistrement de la revendication d’un attentat qui lui coûtera la vie. L’ex jihadiste était employé pour localiser Zawahiri. Et le Président des Etats –Unis, Barak Obama y croyait. C’était quelques jours après l’attentat déjoué contre le vol d’Amsterdam-Detroit. L’espion passe l’information à la Maison Blanche. Et le rendez-vous donné pour le 30 Décembre. Ce fut une nouvelle défaite de la CIA. Et la suite est horrible, très horrible dans la mesure où il c'est fait exploser.
Selon les autorités américaines, AQMI enrôle de plus en plus ses combattants en Mauritanie d’où la recrudescence des opérations de rapts ces derniers temps. Le terrorisme reste dorénavant une épine dans les pieds d’Aziz et son homologue Malien Amadou Toumani Touré.
Curieusement, on constate que depuis quelques jours, les arrestations des personnes présumées terroristes ou impliquées dans le rapt des humanitaires Espagnols se sont largement amplifiées. Ce qui pousse à s’interroger sur un certain nombre de questions ayant directement rapport avec ce qui se passe à la prison civile de Nouakchott où croupissent 75 terroristes. S’agit-il là d’une réelle volonté de dialogue avec ceux que les pouvoirs publics appellent à la repentance.
Et
si cela s’avère que les informations de la nouvelle traque des présumés salafistes proviennent de Khadim Selmane et des amis, il
n’en demeure pas moins qu’il faut l’apprécier avec modération. Car nombreux
étaient des jihadistes qui se sont repentis pour reprendre les armes contre les
"croisés." En effet force est de constater que le dialogue avec ces brebis
galeuses met potentiellement le pays en danger. En effet, selon les spécialistes, les pouvoirs publics doivent engager le
dialogue avec les chefs de l'AMQI et non avec ceux qui ne savent presque rien de ce mouvement. Enfin si les
Cheikhs-médiateurs sont optimistes, il y’a une forte probabilité que le
dialogue-conciliabule finisse en queue de poisson.
Bâ Sileye
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