« Du murmure à la révolte le chemin est long mais il ne fatigue jamais »
Djamal Benmerad
Dès qu'il s'agit d'Israël, le seul Etat au monde au-dessus des lois
humaines, toute une faune d'intellectuels scandaleusement sectaires
tombe en transe. Une hystérie collective s'empare des plateaux de tv
des médias occidentaux d'où transparaissent, au moindre prétexte, les
relents les plus abjects du racisme anti-Arabe et antimusulman.
Sous
les oripeaux de philosophes et autres penseurs, les marionnettes
assignées au dénigrement systématique et aux analyses tendancieuses
sont aiguillonnées pour débiter les aberrations les plus
invraisemblables afin d'inhiber toute volonté de jugement critique.
L'objectif est de diaboliser au maximum l'adversaire et relativiser à
leur plus simple expression les actions criminelles de leur mentor. Les
laboratoires spécialisés dans la distorsion de l'information turbinent
à plein rendement dans les campagnes de marketing pour peaufiner
jusqu'à la persuasion l'image idyllique de l'enfant gâté qu'est Israël.
Ils
arrivent curieusement à faire avaler n'importe quelle couleuvre à une
opinion publique conditionnée à être très réceptive à leur seule
version des faits, même si cela va à l'encontre de ses propres valeurs.
A
les entendre, on a tout de suite envie de vomir, à les voir se
contorsionner pour travestir la réalité, c'est carrément la nausée. Les
niveaux atteints par le cynisme et la lâcheté du monde dit démocratique
apparaissent dans toutes leurs abjections.
Rien n'est
laissé au hasard ; ils ont, pour cela, bien assimilé les instructions
de la feuille de route à laquelle ils ont été conditionnés : le Hamas
tire des roquettes depuis huit ans contre le sud d'Israël. Israël a
trop supporté et patienté. Le Hamas a rompu unilatéralement la trêve.
Le Hamas est au service de l'Iran qui est en train de fabriquer une
bombe atomique pour détruire toutes les démocraties. Israël fait juste
de la légitime défense avec des frappes chirurgicales pour protéger sa
population de gentils colons occupés à réaliser leur oeuvre
civilisatrice.
La même
litanie répétée à profusion par tous les moyens de communication et en
tous lieux finit par émousser les capacités de discernement et conduit
vers l'adoption subséquente d'un raisonnement surréaliste, tel : les
Palestiniens n'ont aucune raison de se plaindre du sort qui leur est
fait. Israël n'est pas contre eux et fait tout pour leur bonheur. Les
militants du Hamas méritent d'être emprisonnés ou tués sans autre forme
de procès pour débarrasser le monde de cette graine dangereuse parce
qu'Israël les a déclarés terroristes. Les mosquées, les écoles, les
maisons, les édifices publics, les rues, les commerces de Ghaza et même
les locaux de l'Unrwa peuvent être des repères de terroristes jusqu'à
preuve du contraire et sont de ce fait considérés comme des endroits
hostiles, donc ennemis qu'il faut bombarder et détruire sans tarder.
Les
nouveaux barbares ont testé sur des enfants et des femmes toutes les
armes de dernières générations au vu et au su de l'humanité toute
entière. Jusque-là, il n'y a que la bombe atomique qui n'a pas encore
été larguée sur Ghaza à cause de la proximité.
Tout en
applaudissant ces massacres à ciel ouvert, les USA ont décidé
d'accorder encore plus d'assistance à Israël en grand danger à cause
des pétards archaïques de Hamas. Se demander après ces crimes sans
limites, pourquoi le reste de l'humanité ne les porte pas dans le coeur
relève d'un odieux machiavélisme.
Le déluge de feu et
d'acier que toute une armée déverse pendant vingt-deux jours
consécutifs avec les engins de mort les plus sophistiqués, sur une
population désarmée et confinée dans un mouchoir de poche étranglé de
toutes parts, est présenté comme une légitime défense. Les victimes
civiles sont classées dans les dommages collatéraux. Tant pis pour
elles, elles n'avaient pas à avoir comme voisins ou comme cousins des
terroristes ! Le malheur c'est que cette logique absurde à la limite de
la démence trouve encore des adeptes pour la gober et la justifier.
Ainsi,
près de sept mille victimes entre morts et blessés dont une majorité
d'enfants et une région complètement dévastée et sinistrée ; 1,5
million de sans-abri n'arrivent pas à arracher la moindre compassion
aux dirigeants d'un monde devenu autiste, alors qu'il n'a jamais ignoré
les véritables causes du conflit, ni ses origines et encore moins ses
conséquences futures sur la paix dans le monde.
Rien
n'émeut ses consciences malades ni les corps d'enfants déchiquetés, ni
les souffrances de tout un peuple. Il espèrent tant laver la déculottée
de 2006 au Sud Liban et ne comprennent pas pourquoi les Ghazaouis,
soumis à cet enfer qu'aucune autre ville au monde n'aurait supporté
aussi longtemps, résistent encore et ne lèvent pas le drapeau blanc
pour leur permettre de brandir le glaive d'un honneur irrémédiablement
perdu, parce qu'il a été toujours factice.
La bataille
de Ghaza avec la résistance héroïque de ses habitants, la lâcheté
depuis longtemps avérée de Tsahal et la forfaiture des puissances
occidentales, est entrée, et avec quel panache, dans la légende.
Stalingrad,
Varsovie et même le mythique Alamo, jusque-là référence dans la
bravoure des hommes, ont perdu de leur éclat à côté de la bataille de
Ghaza.
Que de figurants et de mise en
scène théâtrales autour de quelques vitres brisées par la chute d'un
pétard, alors qu'on indiffère totalement la destruction systématique de
villes entières et les corps d'enfants calcinés par le phosphore
généreusement déversé par les héros tant adulés du monde occidental.
Pendant
que les Palestiniens continuent de retirer des décombres leurs morts
pour les enterrer, les dirigeants des pays occidentaux sablent le
champagne de la glorieuse victoire de Tsahal contre les lanceurs de
pierres. Alors qu'on les attendait pour des objectifs plus nobles, ils
ne sont finalement réunis que pour décider de l'installation de
systèmes ultra perfectionnés de surveillance de la frontière entre
Ghaza et... l'Egypte, pour étrangler encore davantage les Ghazaouis.
Aucun
d'eux n'a eu le courage et encore moins l'honnêteté de rappeler, ne
serait-ce que par souci d'objectivité, l'occupation honteuse des
territoires, le refus arrogant de l'application des décisions de la
communauté internationale et le sort inhumain réservé aux Palestiniens
à cause du blocus et des exactions quotidiennes.
Par
contre, chacun essayera de décrocher l'insigne honneur de réaffirmer
son allégeance en mettant gracieusement le maximum de moyens à la
disposition d'Israël pour étrangler davantage les Palestiniens.
Malgré
le déséquilibre des forces et la différence dans l'armement où il n'y a
rien à comparer entre les moyens colossaux et ultramodernes dont
dispose Israël et l'équipement rudimentaire du Hamas, et les conditions
d'un théâtre d'opération qui n'offre aucune base arrière pour assurer
la logistique, la résistance des combattants de Hamas n'a pas défailli
au grand dam d'Israël et de ses amis.
Elle a plutôt
gagné l'estime, le respect et l'admiration de tous les hommes libres.
De quelques milliers avant la guerre, les Hamassistes ont certainement
dépassé le milliard !
Demander à la population par des
tracs de se grouper dans des endroits protégés par les conventions
internationales de l'Un et ensuite les bombarder ne peut être que
l'oeuvre de psychopathes dangereux. Ces corps de bébés déchiquetés par
les bombes auraient pu être les corps de vos propres enfants, si vous
étiez là-bas. Ces gens sont capables de tout et ils l'ont démontré
plusieurs fois. On ne comprend pas pourquoi l'opinion reste quand même
tétanisée devant ces comportements criminels et cyniques. En face de
toutes ses horreurs et contre toute logique, vous donnez l'impression
que c'est Israël qui va être envahi par des hordes massées à ses
frontières et que c'est lui qui a le plus besoin de l'aide et de la
solidarité de l'humanité.
Quelques roquettes lancées
par des gens qu'on a délibérément poussé au désespoir, et qui risquent
au plus de soulever un peu de poussière dans le désert du Néguev, sont
présentées comme une provocation planétaire impardonnable. Le drame
vécu quotidiennement par les Palestiniens est considéré tout juste
comme une fâcheuse tare incurable qu'on doit prendre en patience.
L'ampleur de leur tragédie avec ses morts, ses blessés, ses
destructions et les souffrances des millions de personnes à travers une
soixantaine d'années apparaît ainsi comme une fatalité immuable
comparée aux réactions incendiaires soulevées par le lancement d'une
roquette antédiluvienne.
Lorsqu'Israël, dans des
proportions monstrueuses, écrase sous les bombes déversées par la haute
technologie US quelques milliers de personnes désarmées dont des femmes
et des enfants et détruit toute l'infrastructure, c'est de la légitime
défense et ces corps d'enfants réduits en charpie importent peu ; mais
lorsque les Palestiniens lancent un pétard sans effet la plupart du
temps, c'est le branle-bas de combat pour condamner ces terroristes !
La surenchère dans la dénonciation n'a plus de limite ! Cette mauvaise
foi et cet aveuglement vont aller jusqu'où ?
Cette
fois, la déstabilisation de ses soutiens traditionnels, par les signes
évidents d'une reprise de conscience qui lève dans leurs propres
sociétés devant les horreurs commises par leur avorton et la résistance
héroïque des Ghazaouis, a sérieusement rabaissé le caquet de ce beau
monde construit sur la barbarie et le bluff. Il fallait tout de suite
mettre un terme à une aventure qui commence à tourner au désastre après
l'épuisement peu glorieux de tout l'arsenal des armes infernales pour
venir à bout de la résistance.
Sentant le vent tourner
et sérieusement affolé par le destin funeste qui attendait ses soldats
si jamais ils s'aventuraient loin de leurs tourelles blindées, Israël
décrète de lui-même la tréve. Il n'a même pas attendu comme d'habitude
que ses supporters arrangent pour lui une sortie honorable pour lui
éviter la noyade. Il y avait urgence à sortir de cette funeste impasse
dans laquelle il s'était fourvoyé, d'autant plus que ses
inconditionnels supporters ont été affreusement contrariés par ses
méthodes et leur impact préjudiciable sur l'opinion publique qui
commence à comprendre la véritable nature de cet Etat sanguinaire, et
de l'holocauste auquel se livre Tsahal sans la moindre retenue.
A
moins d'être un indécrottable chauvin d'Israël, n'importe quel être
humain sensé vous dira qu'à l'inverse du Hamas qui est sorti grandi
politiquement, Israël et ses amis ont fini cette fois par récolter les
produits de leur aveuglement : une réprobation universelle et une
dénudation du visage hideux du sionisme qu'aucun maquillage ne peut
désormais cacher. Au contraire, le sionisme vient de fertiliser le
terreau du terrorisme qui ne demandait pas tant. Les Musulmans, en
général et les Arabes en particulier, sont présentement bien édifiés
sur le peu de considération que les Occidentaux accordent aux valeurs
humaines qu'ils nous ont serinées jusqu'à satiété. Grâce à ses
sacrifices, Hamas est entré de plein pied dans le Panthéon des
combattants de légende et a acquis avec panache le meilleur des
trophées : la considération, le respect et la sympathie universelle.
La
résistance des Palestiniens de Ghaza est saluée par tous les peuples
révulsés par la sauvagerie d'Israël. Les qualifier dorénavant de
terroristes relève tout simplement de la cécité et de l'obstination à
nager à contre-courant.
Cet énième génocide a rapproché
d'avantage Israël du cratère d'un volcan, entraînant dans son sillage,
ses fidèles serviteurs mais, malheureusement, aussi d'autres innocentes
victimes.
Toute personne éprise de justice ne peut
rester cependant insensible aux positions sereines et courageuses de
personnalités respectables à l'image de : Roland Dumas, Renato Martino,
André Nouschi et d'autres encore de par le monde. Leur contribution
suffit pour permettre à l'espoir de survivre à la bêtise humaine, et de
lancer d'autres passerelles de mutuelle compréhension entre les deux
rives.
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