La mendicité a connu ces dernières années une ampleur considérable dans la société Mauritanienne. En effet, c’est un fait social qui a longtemps mobilisé certaines ONG de la place, mais le phénomène continue lamentablement à gagner du terrain. Si dans l’imaginaire de certains, la mendicité était jadis considérée comme un moyen nécessaire permettant à l’élève coranique de parfaire sa formation ou réservée aux indigents, il n’en demeure pas moins que de nos jours, elle a pris d’autres allures en devenant un « fléau social ». Elle se pratique partout dans le pays, en l’occurrence dans les milieux urbains où le nombre des mendiants est spectaculaire. A Nouakchott, il n’ est pas rare de côtoyer des personnes du troisième age, et des femmes souvent accompagnées de toute la progéniture et des enfants mineurs faire la maraude dans les artères de la ville. Ils sont fréquemment devant les carrefours, les mosquées, les maisons des nantis et parfois en face des services pour quémander. Cependant, nous nous sommes intéressés par la dernière catégorie en vous proposant ce reportage qui relate en quelque sorte leur calvaire.
Pouvoirs publics et la mendicité
Malgré les efforts consentis, les pouvoirs publics n’ont pas pu juguler ou du moins éradiquer ce fléau. La dernière campagne contre la mendicité date deux mois seulement, le gouverneur de la région de Nouakchott Monsieur Mohamed Lemine Ould Teta avait pris l’initiative d’endiguer le phénomène grandissant de la mendicité par l’ouverture des centres d’accueil au sein desquels bénéficieront de la nourriture, des soins et de l’encadrement religieux. Toutefois, l’Association des Imams des Mosquées (AIM) qui se charge de la mission dont le budget était estimé 250 millions d’Ouguiya avait recensé 1214 personnes inscrites dont 70% sont des femmes et des d’handicapés. Une autre composante du trottoir de la mendicité était systématiquement exclue, il s’agit des enfants mineurs alors que y comprise cette frange le nombre de mendiants est de 5286 personnes.
La mendicité un moyen de survie
Comme son destin, la journée du petit Demba
est bien établie et cela deux années durant. Il doit prendre en garde la
gestion de son temps comme quelconque autre fonctionnaire. Malgré, son jeune
âge, il est conscient de la valeur du temps. Mais, c’est la charge que son
Thierno(Marabout) qui joue probablement sur lui. Il était 19 heures
passées, notamment d’une journée expectionnelle un vendredi. Curieusement
avec ses amis Almoudos, il se faufilait entre les voitures qui roulent sur
l’axe en face du Camp de l’Etat Major de garde Nationale. Demba un gosse qui
doit être âgé de 10 ans passait sous notre regard de voiture en voiture
toutefois que le feu rouge arrête les véhicules. Il s’en profite pour tendre sa
main tout en proférant tristement ces termes « Sa bou Allah et
Neladomoum » qui signifie dans la langue de Molière « Par Allah et
son Prophète PSL ». Des termes mémorisés, qu’il répète à la longueur des journées
pour toucher inconsciemment à la sensibilité de certains lui permettant de sa
part de gagner facilement sa vie. A ces termes, je survie lance le
petit d’un air préoccupé. C’est ainsi que nous avons jeté avec Demba les
bases d’une discussion: « Je suis venu d’un village qui s’appelle Goumo
Wanbabé du coté de Sénégal. J’étudie dans la Doudal (Ecole Coranique) de
Thierno Mamadou Sall à El Mina . Je suis dans ma deuxième année à Nouakchott.
Actuellement, ma sourate est « la Discussion ». Comme mes amis, j’ai
une charge journalière que je dois impérativement remplir pour éviter d’être
maltraité ou humilié devant mes pairs. On se lève tôt le matin, disons avant
même la prière de Fejr pour l’apprentissage de nos versets jusqu’au lever
du soleil entre 7 à 8 heures . C’est là que commence ma journée
d’errance. Je ne dispose pas de petit déjeuner auprès de notre Marabout.
Je me débrouille dés fois avec les maisons des voisins qui me procurent
quelques morceaux de pain ou les restes des leurs enfants. Mais, tout cela ne
concerne pas notre Thierno, ce qui l’intéresse est que nous versions pour toute
la journée, une somme de 300 Um. . Le reste que nous gagnons par la mendicité
nous revient. C’est avec cela que nous achetions de quoi manger, car ce qui
nous est réservé chez le Marabout est insuffisant. Mais, ce n’est pas certain
que nous gagnions quotidiennement une somme par laquelle nous puissions en même
temps verser et en même temps survivre. Car en ces périodes de difficulté,
rares sont ceux qui donnent 100 ou plus, à cela il faut ajouter la concurrence
entre les almoudos et les raquettes des adultes qui nous surveillent .» Notre
discussion a été interrompue par l’arrivée d’un autre gosse qui interpella le
petit Demba pour savoir « s’il a réuni la somme et qu’il devrait ensuite
rebrousser chemin, car la fraîcheur tapait fort ». Demba était parti
sans nous dire au revoir.
Cependant, malgré les difficultés que
rencontrent ces enfants errants, la mendicité se justifie traditionnellement
selon certains, par maintes raisons. Il y’a par exemple Elhaji, un
ancien Almoudo : « la mendicité va avec l’apprentissage et
l’accumulation de la connaissance » d’autres soutiennent que cela permet à
l’enfant de pouvoir ultérieurement résister aux vicissitudes de la vie. Elle
éveille l’enfant soutient Moussa, car : « les charges
permettent à l’enfant de prendre conscience de la responsabilité. Ce qui
l’aidera à mener à bien sa propre vie. Par ailleurs, la souffrance ne fait
qu’endurcir. J’atteste que tous les grands Marabout sont passés par la
mendicité et parfois dans des conditions les plus difficiles ».
Autant d’explications qui laissent indifférents les militants des droits de l’homme et plus particulièrement le défenseurs des droits de l’enfant, telle que l’institution Onusienne Unicef. Ces derniers voient dans la mendicité, une forme d’exploitation de l’enfant qui peut avoir des répercussions néfastes. Dans ces conditions, la mendicité est considérée par bon nombre de sociologues comme une forme d’esclavage moderne . Par conséquent, l’enfant talibé est vulnérable,et dans la plupart des temps, il est la paroi des maladies. Le cas du petit Demba qui est resté une semaine sans prendre un bain en est bel exemple. En fin, par rapport aux autres, l’enfant mendiant est de même marginalisé. Cependant après moult échecs, une solution urgente doit être cherchée pour palier à cette vulnérabilité.
Bâ Sileye
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