En
Mauritanie, différentes communautés vivaient autrefois sans énormes
difficultés. Mais, elle a connu au cours
de son histoire des atrocités qui se traduisent par des horribles exactions en
1989-90, de certains officiers de la communauté négro-africaine ainsi que l’extradition des familles entières aux
frontières du pays dans des conditions les plus inhumaines. Tous ces moments
sombres, plus que jamais historiques, se
sont déroulés sous le règne sanguinaire
de l’ancien Président destitué en 2005, Maouiya Ould Sid’ Ahmed Taya.
Aujourd’hui, avec l’accord des certaines associations de droit de l’homme, qui représentent des victimes, le chef de la junte au pouvoir, Mohamed Abdel Aziz s’est engagé notamment sa visite à Kaédi (localité situé au sud du pays) de plier définitivement la page du douloureux dossier passif humanitaire. Il s’agit là de quelques compensations accordées à certaines familles impliquées, même si maintes choses, restent encore à parachever. Mais, il y’a dans cette histoire de tristes anecdotes. Il semble opportun de vous faire part cette triste anecdote qui témoigne pleinement l’esprit de la fraternité des temps passés. Il s’agit de celle de Babe et des jeunes aventuriers.
Babe
est aujourd’hui vieux, malgré tout ce temps passé, se rappelle des scènes qu’il ne peut plus
évacuer de sa mémoire. Avant de devenir un
chauffeur de taxi, il avait une boutique à Sebkha un quartier de la
banlieue de Nouakchott. L’histoire remonte aux années 79 dans un coin du dit
quartier qui concentre majoritaire la population négro-africaine.
Dans la
maison qui abritait sa boutique, logeaient des jeunes, qu’il ignorait même l’identité. Tout ce qu’il
savait, note t-il, c’étaient des jeunes aventuriers venus de leur village natal
pour apprendre le métier de mécanicien. Ils avaient loué une chambre à 1000 um. Loin de leurs parents, ils se trouvaient dans
des conditions précaires. Ces derniers, témoigne le vieux maure, pouvaient
rester des jours et des jours sans pour
autant manger à leur faim. Le calvaire était lié à la situation de l’époque.
Mais avec la proximité sociale et l’ouverture d’esprit, le vieux Babe leur
dépanner de temps à autre. Je leur donnais de quoi manger, on partageait, dés
fois le même repas. Je voyais qu’ils étaient sociables sans énormes problèmes.
Ce qui fait, j’avais en eux une confiance sans
pareils. On se rendait réciproquement des services. Je me rappelle, qu’ils
pouvaient descendre en possession de quelques morceaux de viandes, qu’ils
cuisent avec les pattes que je leur procurais. Mais, les situations devenaient
de plus en plus insupportables. Du coup, ils rebrousseront le chemin du village
après 6 mois seulement. Après des années passées, je me suis rendu à Dakar où
je devais rejoindre des parents dans l’une des régions à savoir le Pador. Alors que j’étais dans l’embarras et la
perplexité face aux « Samsar » qui se bousculaient pour
prendre mes bagages afin de choisir une voiture me conduire, un jeune survient prendre mon sac
et me séparer du houleux tiraillement. Il m’embrassa chaleureusement, tout en
répétant incessamment « papa babe ».
L’émotion était à son comble. Il me prit dans sa voiture, me conduisit jusqu’à St Louis où il me confia à son ami. D’ailleurs, si j’ai bonne mémoire, c’était la première voiture à se rendre à ma destination à savoir Podor. Je gardais toujours le silence devant les implorations du jeune à qui j’ignorais même le nom. Je ne me souvenais plus. A notre arrivée à St –Louis, il mis à ma disposition tout le nécessaire. La nourriture et bien d’autres choses ne me manquaient point, au contraire, je l’exhortais d’arrêter les services. Finalement, c’est la honte qui me hantait.
A mon départ, la séparation fut presque impossible. Je voyais les larmes coulaient de ses joues. Moi, je tachais à peine de dissimuler les miens sous mon aouali (turban) Finalement, ce sont les revendications des passagers qui nous séparèrent. Et, il me dit, va je te confie à Allah, il reparti en essuyant ses larmes.
Voila une histoire remplie d’amertumes. Elle témoigne une réalité que bon nombre de citoyens partageaient autrefois sans aucun complexe. De nos jours, après de longues années, de méfiance et des atermoiements, nous devons certes dépasser les contradictions sans lendemains. Pour se faire, il convient de prendre au sérieux le dossier du passif humanitaire loin des velléités politiques connues de vouloir instrumentaliser cet épineux problème.
Bâ Sileye
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